PHOTO DE GROUPE AU BORD DU FLEUVE

PHOTO DE GROUPE AU BORD DU FLEUVE  est un très joli livre, plein de gravité mais aussi de bonheur, de solidarité et d'humour !

Nous y découvrons le destin d'une quinzaine de femmes africaines, réduites à casser des pierres en pleine chaleur au bord d'un fleuve pour en faire des cailloux et du gravier qui serviront aux industries du bâtiment. La réalité saisissante de nombres d'hommes et de femmes, contraints à ce type de labeur pour des revenus de misère...

Mais un jour, ces femmes se révoltent : elles exigent de doubler le prix de vente de leurs sacs de pierres.  Commence alors une histoire rocambolesque entre corruption, misère, pouvoir, violences domestiques, opulence des riches, solidarité de quartier, etc. De confidences en partage d'émotions, de pudeur en gestes d'entraide, du passé à la modernité, nous suivons ce combat qui, en quelques jours, va transformer leur vie pour toujours.

Ces femmes magnifiques nous donne une leçon de combat et d'espoir, fondée sur la puissance du collectif.

Un livre passionnant, à la fois cruel et enthousiasmant ! A lire et à relire !

 

Photo de groupe au bord du fleuve - Emmanuel DONGALA - Editions Babel - 2010

 

 

 

La Perle et la Coquille

Une fois n'est pas coutume, nous ne vous parlons pas ici d'un ouvrage qui vient de sortir mais d'un roman paru en 2016 et qui a conquis de très nombreux lecteurs et lectrices travers le monde. Nous l'avons choisi car il est plus que jamais d'actualité au regard de la cause des femmes et en particulier, des femmes afghanes de nouveau sous le joug d'oppresseurs sans pitié.

La Perle et la Coquille relate le destin de Rahima, que ses parents vont "transformer en garçon" dans la tradition des "bacha posh" parce qu'ils n'ont eu que des filles. Elle redeviendra femme pour être mariée de force, encore adolescente, à un chef de guerre. Commence alors ce quotidien terrible fait de violence physique et psychologique, entre récurage et nettoyage, sans accès au monde extérieur.

Et pourtant, celle que tout destinait à mourir sous les coups de son mari va trouver la force de s'en sortir, après bien des aventures et autres coups du sort.

Ce roman magnifiquement écrit, nous entraîne dans une épopée terrifiante sur la condition féminine en Afghanistan, avec pudeur, grâce et sensibilité.

 

La Perle et la Coquille, Nadia HASHIMI, Livre de Poche.

 

 

 

 

DANS LA FORET

Une fois n'est pas coutume, nous vous parlons d'un roman, écrit par Jean HEGLAND, véritable choc littéraire aux États-Unis, et best-seller mondial.

Il raconte l'histoire de deux jeunes filles, Nelle et Eva, dix-sept et dix-huit ans, qui vivent depuis toujours dans leur maison familiale, éloignée de la ville et placée au cœur de la forêt. Quand la civilisation s'effondre et que leurs parents disparaissent l'un après l'autre (maladie, accident), elles demeurent seules, bien décidées à survivre.

Entre leurs passions de la danse et de la lecture, elles cultivent le verger pour continuer à se nourrir. Mais face à l'inconnu, parfois hostile, les choses ne vont pas se dérouler comme prévu. Il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, remplie d'inépuisables richesses. Avec toujours, en toile de fond, l'espoir d'un retour à la civilisation... qui finit par être de moins en moins probable.

Ce roman est écrit sur le mode de l'intime, sans grands effets ni fioritures, dans un style qui vous happe littéralement. Il nous interroge sur notre relation à ce monde consumériste et nous pousse à nous demander de quoi nous avons réellement besoin, comment nous pourrions vivre autrement, pour quelles autres raisons ?


Un roman d'apprentissage puissant, qui ne laissera personne indifférent.

Dans la Forêt, Jean HEGLAND, Editions Gallmesiter- 2009

 

Adapter son business dans un monde ne déconsommation

FRÉDÉRIC CANEVET est spécialiste du marketing depuis plus de 25 ans et auteur de plusieurs ouvrages sur le marketing et l’intelligence artificielle. Il est également animateur du blog ConseilsMarketing.com. Écologiste convaincu, il est persuadé qu’il faut agir dès à présent à titre individuel pour réduire l’impact de la crise à venir.

Son dernier ouvrage "Adapter son business dans un monde de déconsommation" est très pédagogue et s'adresse à un large public. Il traite à la fois des impacts de la déconsommation, des méthodologies d'organisation d'entreprise pour être plus résilient y compris en termes de RH, et bien sur de frugalité et de sobriété.  

" La déconsommation nous obligera a recentrer nos priorités sur l'essentiel. Une chose est sûre, il y aura de moins en moins de besoins car il y aura moins de complexité à gérer. Le marketeur de demain devra donc travailler sur l'utilité, l'écoconception, la valeur perçue...mais surtout s'adapter aux nouvelles réalités du marché. La déconsommation nous appelle à repenser nos pratiques, à innover différemment et à embrasser un avenir où la qualité, la durabilité et l'éthique priment sur la quantité et le profit à court terme".

Le chapitre 4 "création et adaptation d'un produit en contexte de déconsommation" est sans contexte le plus intéressant et d'ailleurs, le plus fourni du livre. L'auteur y aborde le changement de mindset du marketing et donne beaucoup d'illustrations et d'exemples pertinents, enrichis d'avis d'experts, de schémas et autres tableaux.

Le chapitre 5 retiendra également l'attention car il aborde le "degrowth hacking" soit comment communiquer quand on s'engage dans une approche responsable. 

Bref, il s'agit là d'un ouvrage où chacun pourra piocher des idées, sorte de boite à outils des professionnels en entreprise.

 

Adapter son Business dans un monde en déconsommation, de Frédéric CANEVET, aux Editions Eyrolles - 2024

 

 

S'aimer La Terre

Retour sur l'affaire du chlordécone aux Antilles qui est bien plus qu’un scandale sanitaire et environnemental.

Malcom Ferdinand, ingénieur en environnement, chercheur en science politique au CNRS et figure centrale de l’écologie décoloniale en France, explique en quoi elle est le marqueur de "l'habiter colonial" dans son dernier livre "S'aimer la Terre".

Aux questions des journalistes de SOCIALTER sur son ouvrage, il répond : "Mon livre cherche à démontrer que le chlordécone n’est pas qu’une molécule polluante et extrêmement toxique. C’est pour moi un marqueur de ce que j’ai appelé « l’habiter ­colonial », qui est une manière de se penser sur Terre héritée des colonisations européennes. Cet « habiter colonial » est orienté vers l’exploitation massive du vivant et implique l’effacement de toutes celles et ceux qui ne ressemblent pas aux colonisateurs."

Rappelons nous : Le chlordécone, cet insecticide, fabriqué aux États-Unis dans les années 1950, a notamment été utilisé aux Antilles dans les années 1970-1990 pour lutter contre le charançon du bananier alors qu'on savait déjà à l'époque son niveau de dangerosité. Résultat : une contamination durable, avec une rémanence allant de plusieurs dizaines d’années à plusieurs siècles. cette contamination est généralisée, car on retrouve du chlordécone dans l’ensemble des écosystèmes et, a fortiori, dans les corps des Antillais.

Le Chlordécone a été interdit en 1993 en France à cause des graves problèmes de santé dont il est responsable, qui vont du retard de développement des enfants aux réductions des périodes de grossesse, en passant par l’augmentation des risques de développer un cancer de la prostate.

"La contamination est le résultat d’un ensemble de relations — politiques, juridiques, scientifiques — répondant à ce que j’appelle « l’habiter colonial ». Cela s’inscrit dans la manière d’habiter la Terre forgée au moment de la colonisation. Cette différence de traitement entre les êtres humains, le chlordécone ne l’invente pas, il la révèle" explique Malcom Ferdinand. "Par exemple, en 1974, il y a eu l’une des grandes grèves agricoles menées par des ouvriers martiniquais noirs. Ils demandaient notamment de ne plus utiliser le chlordécone. Les grévistes ont été durement réprimés, avec plusieurs blessés et deux morts, tués par des forces de gendarmerie majoritairement blanches. Cela illustre le pouvoir de mise à mort d’un État au service de propriétaires de bananes qui sont majoritairement issus d’un groupe socioracial, les békés, se liant par une solidarité raciale blanche."

Si le colonialisme peut être décrit comme un processus historique avec un début et une fin, la colonialité, elle, fait référence à ce système colonial, à cette manière d’habiter la terre et de concevoir ces relations coloniales, violentes, patriarcales, qui détruisent les écosystèmes.

 

S'aimer la terre, de Malcom Ferdinand, aux Editions du Seuil - 2024