Yann Arthus-Bertrand, 78 ans, n’a plus le luxe de la candeur. Dans Nature : pour une réconciliation, il nous livre un film à la fois somptueux et implacable, fruit d’une carrière passée à contempler la beauté du monde — et à constater son effondrement. Ce n’est plus seulement le photographe-poète qui parle, mais le citoyen inquiet, presque désabusé.
Le récit démarre au commencement, 4,6 milliards d’années en arrière, là où tout n’était que poussière d’étoiles. Des images du télescope James Webb côtoient des plans aériens magistraux. La Terre est présentée comme une exception fragile, un miracle unique dans l’univers. Mais très vite, l’émerveillement se fissure.
Nous sommes entrés dans la sixième extinction de masse. Océans vidés par la pêche industrielle, forêts éventrées, élevages concentrationnaires, pesticides omniprésents : l’Homo sapiens est devenu Homo economicus, déconnecté de la nature qui l’a façonné.
Le cinéaste ne se contente plus de montrer. Il accuse : notre appétit pétrolier reste intact, on ne pas parler de transition. Il épingle nos contradictions : voyages en avion sous couvert d’écotourisme, fast fashion vendue à prix dérisoires, alimentation industrialisée, exploitation animale. Il s’autorise même une claque symbolique : la France, patrie des droits de l’homme, est le deuxième exportateur mondial d’armes.
Ce film n’est pas qu’un procès, c’est aussi une invitation. Entre les séquences coup-de-poing, le réalisateur rappelle que « seul l’amour peut nous sauver » — l’amour du vivant, des autres, de soi. Et que l’action rend heureux : manger autrement, consommer moins, réapprendre la sobriété.
En conclusion, Arthus-Bertrand cède la parole à des femmes inspirantes — Jane Goodall notamment — qui incarnent la résistance et l’espoir. Ces voix disent que la réconciliation avec la nature est encore possible, à condition d’un sursaut collectif immédiat.
Nature : pour une réconciliation n’est pas un testament, c’est un ultimatum. Sa beauté nous retient, ses vérités nous bousculent. Reste à savoir si nous saurons les entendre.
Pour voir le film, rendez-vous sur la plateforme M6+