En passe de devenir un best-seller, le livre de Sébastien Bohler n’a rien à voir avec le digital contrairement à ce que son titre pourrait laisser supposer. On en comprend le thème à son sous-titre : Pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l’en empêcher ?
C’est bien le paradoxe de la dissonance cognitive (je sais mais je n’agis pas en conséquence) qu’il s’agit d’explorer ici et l’auteur en donne une explication inattendue. Tout serait la faute de notre cerveau ou plus précisément de la façon primitive dont il s’est construit et développé et des lois auxquelles il obéit depuis des millénaires. Ces lois, comme par exemple le circuit de la récompense, non seulement n’ont plu lieu d’être aujourd’hui et nous placent en décalage par rapport aux attitudes et comportements qu’il conviendrait d’avoir mais surtout, elles nous font agir à l’inverse de notre intérêt et de celui de la planète.
L’auteur nous dévoile comment nous sommes programmés pour en vouloir toujours plus… de sexe, de pouvoir, de nourriture, etc. ; et combien cela nous emprisonne dans un présent indépassable quand le futur devrait nous guider.
Il nous propose un voyage au cœur de notre cortex et ses fondements « historiques ». Il fait notamment un focus sur la fameux « striatum », une partie du cerveau située en son centre qui remplit des objectifs fondamentaux (se nourrir, se reproduire, la recherche d’informations, la minimisation des efforts, etc.). Il libère une bonne dose de dopamine à chaque atteinte de ces objectifs (source de contentement, voire de bonheur chez l’être humain) et face auquel notre intelligence est impuissante. Car le cortex cérébral, où sont “logés” l’intelligence et le raisonnement (entre autres), s’est développé bien après le striatum.
Heureusement, pour échapper à ce cercle infernal, l’auteur ouvre quelques voies de salut comme les exercices de pleine conscience, qui consistent à porter attention au moment présent de façon volontaire, et libèrent de la dopamine sans consommation supplémentaire et freinent donc notre impact sur la planète. Ou encore de développer la culture du partage, le changement de mode éducatif des hommes et des femmes, etc.
Oui, on peut dompter notre striatum mais clairement, le chemin de l’autodiscipline n’est pas totalement aisé !
Le Bug Humain, Sébastien Bolher, éditions Robert Laffont – février 2019