Disons-le tout de suite, chez Les Humains, nous sommes fans de Mathieu Baudin et faisons partie de la grande communauté des conspirateurs positifs, qui ont suivi les fameuses "labs" de l'Institut des Futurs Souhaitables, co-fondé par Matthieu.
« La fin d’un monde n’est pas la fin du monde », voilà comment commence l'essai (très attendu) de Mathieu BAUDIN. Après une remarquable préface de Joël ROSNAY qui nous rappelle si justement que « la force et l’originalité du propos de l’auteur sont de faire ici du lecteur un explorateur, un voyageur qui rapporte quelque chose de son cheminement, un créateur et même un « conspirateur positif », le livre nous plonge directement dans les enjeux du monde actuel sur un mode volontairement "actif" : « en tant que consommacteurs, nous pouvons nous adapter et accompagner ces évolutions ». Plus qu’une vision utopiste, il s'agit de révéler nos capacités coopératives d’anticipation de ces changements grâce à "des analyses, des visions et des exemples qui démontrent l’importance de la prospective stratégique et de la synergie des savoirs. »
On comprend mieux pourquoi Mathieu a co-fondé l’Institut des Futurs Souhaitables : «notre artisanat est de concevoir et d’organiser des explorations prospectives, voyages aller-retour vers 2040, et de fournir des outils de construction créatifs et poétiques à la disposition de tous, afin de donner l’envie d’agir et d’encourager la mise en action. » Car Mathieu puise ses réflexions dans son métier et sa passion pour l'histoire et la prospective et nous rappelle les différents scénarios de futurs possibles :
- Le scénario tendanciel : prend l’existant et l’extrapole.
- Le scénario noir : augurant du pire pointe le lieu, la situation, la destination où l’on ne veut pas se rendre.
- Le scénario de rupture : Il démarre d’un signal faible, d’un petit fait porteur d’avenir, ici et maintenant, qui passé à plus grande échelle, sera susceptible de bouleverser les choses.
- Le scénario des futurs souhaitables : à la différence des 3 précédents, qui partent de la situation existante pour l’extrapoler, le futur souhaitable fait l’inverse : il part de la destination où l’on souhaite arriver.
« L’avenir peut être noir et plus encore si l’on ne fait rien. Mais il peut aussi être celui dont on rêve, surtout si l’on y contribue. »
Avec conviction et de façon très personnelle, Mathieu nous livre ses sujets de réflexion et d'inquiétude : « Les robots nous dépassent, nous surpassent, remplaçant chaque jour un nombre toujours plus conséquent de taches que nous avions pris l’habitude d’effectuer, telles des machines. » La place du robot questionne notre humanité, et il en appelle au « très humanisme » pour ne pas laisser la place au « transhumanisme ». C'est bien à son indéfectible optimisme que l'on reconnait l'auteur... « La poétique de l’action que constituent les futurs souhaitables est une invitation à un optimisme offensif. Changer le regard sur le monde participe à changer le monde. Ouvrir les futurs libère le présent. »
Sa philosophie du « au pire ça marche » nous décomplexe et nous entraine de façon très positive vers un lendemain auquel on peut croire. Bref, un livre intelligent, sensible, et qui fait du bien au moral.
N.B / On notera la postface de Patrick Viveret, philosophe également cher au coeur des Humains, ainsi que le rôle de facilitatrice de Carole Babin-Chevaye, qui a rendu cette publication possible (conspiratrice positive de la LAB 13).
Dites à l'avenir que nous arrivons, Mathieu BAUDIN, aux éditions ALISIO, mars 2020.